Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Comment le grand Cham prent les bestes sauvaiges, avec autres bestes sauvaiges apprivoysées.
Chap.     XVII.



Le grand Cham faict nourrir à sa court diverses bestes sauvaiges, lesquelles apres qu’elles sont apprivoysées & domptées, il mene avec luy à la chasse, ou il prent grand plaisir & recreation, quand il voit la beste apprivoysée combatre la sauvaige : & principalement il a des leopardz qu’il a faict dompter, qui sont merveilleusement bons à la chasse, & prennent grand nombre de bestes. Il a aussi des onces, qui ne sont moins promptz, & habilles à la chasse. Semblablement il a de fort beaux & grans lyons, plus grans certainement que ceulx qui sont en Babylone, ilz ont en leur poil de petitz rayons de diverses couleurs, asçavoir de blanc, noir & rouge, & ceulx la sont aussi aprins à la chasse & vennerie, mesmement ilz sont grandement commodes & habilles à prendre les sangliers, les ours, cerfz, chevreux, asnes sauvaiges & buffles, ilz ont de coustume de mener deux lyons en une chariotte, quand ilz vont à la chasse & un petit chien qui les suyt. Oultre ce l’Empereur a plusieurs aigles privées, qui sont si aspres & ardentes au vol, qu’elles arrestent, & prennent les lievres, chevreux, dains, & renardz, mesmes y en a d’aucunes de si grande hardiesse & temerité, qu’elles osent bien assaillir & impetueusement se ruer sur le loup, auquel elles