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seaux convenables du laict de jument, lequel le Roy de ses propres mains respand ça & la en l’honneur de ses dieux, estimant (comme ses saiges luy donnent à entendre) que les dieux boyvent le laict respandu, & par ce moyen ont grand besoing & solicitude de conserver tous les biens & possessions du Roy. Apres ce damnable sacrifice le Roy boit du laict de ses jumentz blanches, & n’est permis à aucun autre de tout ce jour en boire, s’il n’est du sang royal, fors toutessois un certain peuple qu’ilz appellent Horiach.Horiach, qui joyst de semblable privilege, à cause d’une grande victoire qu’il obtint pour le grand Cham Chinchis. Donc ceste coustume ceremonieuse est perpetuellement observee par les Tartares en grande reverence & solennité par chascun an le vingthuitiesme jour d’Aoust : de la vient que le peuple tient en grand estime & honneur les chevaulx blance & jumentz blanches. Oultre en ceste province ilz mangent la chair des hommes qui par jugement publiq sont condamnez à mourir. Le grand Cham à des saiges & Magiciens.Magiciens, qui par art diabolique troublent l’air, & le reduysent en tenebres & obscurité quand ilz veulent, hors mis le Palays royal, sur lequel la lumiere demoure claire et entiere. Semblablement ces Magiciens se vantent de faire par leur art diabolique, que le Roy estant assis à table, les couppes d’or qui sont sur son buffet (lequel ordinairement est assis au milieu de la table) saufteront plaines de vin ou autre breuvage, jusques sur la table devant le Roy : ce qu’ilz dient faire par artifice secret. Et quand ilz ce-