vous avouer que nous mettons au nombre des bonnes fortunes de notre vie l’occasion toute fortuite qui nous procure l’avantage de vous connaître.
— Messieurs, dit la jeune fille en rougissant légèrement, je suis flattée de vos bonnes paroles.
Un court intervalle s’écoula. Gérard continua :
— En vérité, nous nous attendions guère, mon ami, M. Renaud, et moi, à faire une aussi agréable rencontre, et pardon ! si j’ai dit avantage de vous connaître au lieu de plaisir ou bonheur de vous connaître.
— Allons ! monsieur, pas d’exagération.
— Je suis loin, mademoiselle, de toute exagération ; quant à ce qui me concerne ; néanmoins, je n’entends faire peser aucune responsabilité sur mon ami.
Renaud, reprenant peu à peu son énergie morale, put articuler ou balbutier les paroles suivantes :
— Je ne sais !… c’est possible !… mais l’usage de l’expression peut être prématurée, ou plutôt hasardée.
— Très-bien, monsieur Renaud ; aussi je ne vous tiens nullement responsable de ce qui a été dit.
Blanche s’interrompit là-dessus, et sourit, puis elle continua :
— Quant à vous, je suis à peu près sûre que vous eussiez été plus sage. Au fait, s’il y a sagesse dans l’abstention, j’eusse été plus sage certainement.
La jeune fille sourit de nouveau, mais de ce sourire qui jette la perturbation dans l’esprit des plus austères philosophes.
Renaud continua :
— Néanmoins, je préférerais de beaucoup accepter ; quelle qu’elle soit, la responsabilité de l’expression quelque peu cavalière de mon ami, plutôt que d’être envoyé aux galères.
— Vous êtes dans le vrai ; d’autant plus que mes châtiments sont, je vous assure, parfaitement supportables.
— Mademoiselle et Messieurs, à l’ordre ! à l’ordre ! s’il vous plaît ! fit M. Lacroix, sur un ton parfaitement plaisant.
— Mon père, j’ai cru que j’étais dans le cas d’une légitime défense…