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beaucoup de la distribution des rôles. Cette distribution doit avoir pour base la nature même de nos aptitudes.

Cela est palpable.

Gérard était devenu visiblement absorbé par de profondes réflexions. Il méditait une à une les solides vérités que Renaud soumettait à l’arbitrage de son jugement.

Le but étant fermement arrêté, il ne s’agissait plus, pour les deux amis, que de descendre dans ces luttes ardentes qui rendent possibles toutes les réalisations.


V.


À quelque temps de là, une feuille publique éditée à Montréal, et dont Jules Gérard était le directeur, publiait un travail remarquable dû à la plume de Renaud. Cet écrit se recommandait à l’attention publique par le cachet de conviction dont il était scellé. Il se terminait par les lignes suivantes :

« Permettez-moi maintenant, concitoyens, de formuler au nom de la commune patrie, le credo politique de l’avenir. La tutelle coloniale n’étant pas éternelle de sa nature, nous voulons pourvoir à sa résiliation. Nous demandons la liberté des lettres de rescision contre le régime colonial, c’est-à-dire contre la servitude pénale. Nous avons des questions de droit à faire décider par le tribunal de la conscience nationale, savoir : la liberté est-elle prescriptible de sa nature ? et dans l’espèce qui nous occupe est-elle prescriptible par cent ans ? La possession centenaire transfère-t-elle titre de propriété d’un peuple à un autre ? Les radiations de peuples conquis sont-elles de droit humain ou de droit divin ? »

Le peuple avait lu ces lignes avec émotion.

Quant à là bureaucratie, elle avait trouvé dans cette manière hardie et dramatique de dire quelque chose qui avait des airs de parenté avec nous ne savons quelle tendance révolutionnaire. Bref les officiels s’étaient alarmés.

Cette espèce de manifeste national eut la bonne fortune de passer sous les lunettes de M. Benjamin Lacroix.

Ce vieillard millionnaire était français d’origine, et appartenait en politique à l’école libérale. Ayant quitté, encore jeune,