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de les lire dans ce lieu, il aurait révéré davantage la croix qu’il voit dominer sur les limites sacrées, comme sur la chapelle qu’il aperçoit au sommet de la colline.

Dès le seuil de ce lieu funéraire, l’observateur est surpris de ne pas être contristé par l’aspect de milliers de pierres funéraires proclamant tristement les victoires que le trépas remporte à chaque instant du jour sur la vie, mais de contempler le paysage délicieux d’un jardin pittoresque, de voir seulement une forêt d’arbustes s’élevant en étage sur le penchant du coteau, ou bordant agréablement une large avenue. Ce bocage ne se montre pas à son regard d’une teinte uniforme : il y voit contraster le feuillage argenté du saule pleureur avec la feuille brillante des acacias et les tiges des sapinettes revêtues d’une sombre verdure. Son odorat s’étonne de recevoir dans un cimetière, durant la belle saison, les douces émanations de la rose, du chèvrefeuille, du lilas, de la fleur de l’oranger, de la pervenche. Il s’approche pour mieux considérer les réduits d’où sortent ces parfums : ils sont occupés par de modestes tombeaux couverts des fleurs les plus magnifiques ; leur enceinte est à l’abri des insultes de l’impie par des grilles ou des barrières. Il considère avec attendrissement, dans ces sanctuaires de famille, des siège» préparés pour les parens, pour les