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de connaître le cœur humain dans toute son action vis-à-vis des proches et des amis dont la mort lui ravit la présence, l’esprit s’occupe d’examiner les épitaphes gravées sur tant de monumens ; l’absence de tout sentiment imprima sur la plupart, une formule excellente par elle-même, mais, par sa trivialité, devenue tout au moins insignifiante, et trop souvent soupçonnée d’un évident mensonge vis-à-vis des personnages auxquels indistinctement elle s’applique ; il voit le faux bel esprit stigmatiser plus d’une tombe ; un chagrin, sans retenue dans son expression, fatiguer le sentiment ; l’absence de toute douleur indigner ; plus d’un tombeau deshonoré par l’ignorance, par la vanité, par l’orgueil, par la platitude et même par une bêtise amère ; et parmi cette multitude il aperçoit des chefs-d’œuvre d’un goût exquis, de convenance parfaite, de diction pure, de sentimens délicieux, de vérités sensibles au cœur, peut-être plus nombreux que dans aucun autre lieu funèbre. Ainsi l’observateur pénètre par une longue et continuelle étude dans l’âme de la génération parmi laquelle il vit, et de la considération des actions particulières, il déduit les mœurs générales de son temps. Neuf années d’une continuelle étude de ce lieu funéraire nous ont beaucoup appris, nous avons tâché d’y voir tout, et surtout de le bien voir sans