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des tombeaux où règne une sévère convenance, où domine le tendre sentiment de l’esprit de famille, où la vertu modeste règne sans faste, où le cœur ressent la douce impression du respect, de la reconnaissance, de l’amour dont ils sont l’hommage. Il aperçoit les créations de l’orgueil, les fils de la vanité, livrés à la stérile et froide admiration de la multitude pour leur structure, à la critique des hommes sensés, dédaignés par des proches qui ne les visitèrent jamais, tandis que vers des monumens modestes, sans cesse il est témoin des plus illustres exemples de ce que l’amour maternel, la tendresse conjugale, la piété filiale, l’affection paternelle, même dans un délirant regret, savent produire d’exemplaire, de touchant, d’admirable ; il considère le pauvre par centaine prosterné devant l’humble croix de bois que plantèrent ses mains sur le triste sépulcre de se» proches ; une mère pleurant sur le berceau dans lequel reposait naguère son enfant, maintenant transformé par son indigence en un précieux monument de son regret ; un père, les yeux pleins de larmes, considérant les jouets dont s’amusait hier son fils, devenus les tristes, gages de son douloureux souvenir ; son cœur est ému profondément, ses yeux se remplissent de douces larmes : si le plaisir est enivrant, une tendre mélancolie possède aussi son charme. Jaloux