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leurs plus illustres capitaines ; une multitude accompagna les restes du poète Delille ; elle afflua au moment où Grétry entra dans la tombe : les savans, les littérateurs, les artistes y sont toujours suivis d’un cortège et de louanges proportionnées à leur mérite. Leurs vies politiques donnèrent beaucoup d’éclat aux obsèques de Camille Jordan, de Stanislas Girardin, de Manuel dont les talens occupèrent l’attention de la France à la tribune législative. Une entière dissidence entre la sévérité de la discipline ecclésiastique et l’opinion du plus grand nombre censurant sa rigidité, fit affluer la multitude à l’enterrement de mademoiselle Raucourt, aux obsèques de l’infortuné Manuel, agent de change, déplorable victime d’un combat singulier. De tels événemens sont peu communs, mais mille, circonstances particulières impriment un caractère spécial à des cérémonies funèbres dont la pompe est pareille. L’observateur y recueille toujours quelques traits des mœurs publiques. Il les découvre encore dans les égards des familles envers leurs proches ensevelis dans la profondeur des sépulcres ; quelquefois il lui faut gémir sur un déplorable abandon, plus souvent il les voit recevoir les seuls hommages commandés par l’usage ; il aperçoit la vanité érigeant des monumens trop fastueux pour leur objet, près