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sur ses épaules ; l’élite de la société l’environne, marchant à pied, tête nue, comme le peuple. Plus de cent mille hommes attendent cette pompe civique sur les boulevards, depuis la rue Montmartre jusqu’à la porte Saint-Antoine. A son passage, ils saluent respectueusement les restes de l’orateur fameux, du grand citoyen, du député fidèle à son mandat, de l’homme de bien. Un ordre parfait règne dans cette affluence réunie dans ce moment solennel par le sentiment unanime du respect et du regret. Une foule non moins considérable, animée du même esprit, attendait depuis le milieu du jour l’arrivée des restes du général Foy dans le séjour des morts. Rien ne put décourager sa constance durant la plus longue attente. Personne ne voulut quitter un poste regardé dans ce moment comme celui de l’honneur et du devoir. Chacun voulait saluer du dernier adieu cet homme véritablement illustre. Le cortège commença seulement à pénétrer dans l’enceinte funéraire à plus de six heures du soir, lorsqu’une profonde nuit avait succédé, le dernier jour de novembre, à une journée froide et pluvieuse. Ses collègues, ses amis, ses compagnons d’armes, en célébrant dignement, par d’éloquens discours, la mémoire du grand citoyen, furent seulement les échos de l’opinion française, répondant à leur voix par ce cri una-