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des honneurs non vulgaires. Cette jeunesse s’indigne de voir des animaux s’apprêter à transporter servilement dans leur dernière demeure des dépouilles naguère brûlantes du feu du génie ; c’est au respect, c’est à l’amour, c’est à la reconnaissance qu’il appartient seulement de rendre ce pieux devoir, ce dernier et triste office ; animés de ce sentiment, ils chargèrent eux-mêmes leurs épaules de ce fardeau précieux pour leurs cœurs. Paris les admire le portant durant cinq quarts de lieue comme un trophée ; eux-mêmes déposent le corps de leur maître dans la fosse, les yeux baignés de larmes, le front baigné de sueur.

Une seule des écoles de Paris avait décerné de telles obsèques à l’un de ses maîtres ; quelle douleur devait manifester la capitale lorsque la France entière perdît le plus illustre défenseur de ses droits ! Le général Foy périt victime de son dévoûment pour la patrie. Toute la France avait admiré son courage, sa vertu, son génie s’appuyant sur la Charte, immortel ouvrage de la sagesse de Louis XVIII, comme derrière un impénétrable bouclier, pour défendre, par les accens de sa haute éloquence, le troue, les lois, la fortune publique, les droits de tous contre leurs faux amis et leurs véritables ennemis. Durant une lutte difficile, toujours il se montra combattant pour la raison,