Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment disparaîtra de la terre des vivans. Chacun se plaît en entendant regretter l’homme de bien pour sa vertu, un négociant pour son antique probité, un manufacturier pour son active industrie, l’érudit pour ses travaux, le littérateur pour ses productions, le magistrat pour son intégrité, pour ses lumières ; le guerrier pour sa haute vaillance et son dévoûement à la patrie, le savant pour ses découvertes ; mais lorsque son génie fut admiré par la jeunesse, elle témoigne par toute l’ardeur du premier âge quel immense regret lui inspire le maître qu’elle se flattait de voir ouvrir une nouvelle route dans la carrière des sciences où si peu d’hommes posent des lois.

Le regret des élèves du docteur Béclard fût sans mesure lorsqu’il fut enlevé dans la force de l’âge, dans toute la puissance du génie, à l’espoir, des plus étonnantes découvertes : le sentiment exalté de leur douleur, de leur reconnaissance, de leur admiration, devint dans ses obsèques de l’enthousiasme. L’École de Médecine reconnaissait en lui son professeur le plus illustre ; il promettait dans cette science si importante pour l’homme, un législateur, un émule de Bichat. Un coup imprévu le terrasse, il succombe ; tous les élèves de l’École accompagnent ses funérailles ; ils le devaient à leur maître ; mais un mérite transcendant réclame