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un ami : personne n’eut pitié de leur sort ; isolés sur la terre, leurs tristes jours furent sans consolations, sans douceur ; toujours nouvelles angoisses, tourmens nouveaux ; toujours malheur. Quelle calamité ! combien de nuances de sentimens divers se manifestent dans des funérailles, toutes également sans pompe, mais chacune différente par son objet ! le cœur y proportionne toujours son hommage ou son improbation au mérite de celui que l’on conduit dans la tombe, son action seule détermine de l’honneur ou du déshonneur essentiel des funérailles.

L’étude de l’homme dans ces graves circonstances semble moins facile pour les classes plus relevées dans la société. Leur politesse s’est accoutumée à cacher ses sentimens réels sous le voile des égards, sous l’apparence des convenances, sous le masque d’un cérémonial obligé. S’il était possible de demeurer dans ces termes, jamais on ne saurait pénétrer les cœurs ; mais si les bouches se taisent, si elles se condamnent même à prononcer un éloge que leur conscience dément, la contenance, les actions, les regards de chacun trahissent leurs véritables sentimens. Ils sont connus dès que l’on porte sur eux un coup d’œil attentif. L’ostentation se trahit dans ces lugubres cérémonies en faisant parade de jactance ; une honteuse