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CIMETIÈRE DURANT SES PREMIÈRES ANNÉES.

Les premiers temps de l’établissement de ce dernier asile ne firent point présumer la haute faveur publique qu’il devait acquérir ; il ne présenta d’abord rien de singulier pour un lieu funéraire. Les dispositions pour son embellissement s’exécutèrent avec une lenteur alors peu commune dans l’érection des monumens publics. Les inhumations commencèrent dans l’endroit le plus enfoncé de la profondeur du vallon, dominé par la vieille habitation du P. La Chaise, tombant en ruines. Les convois y parvenaient par une rue étroite, bordée de masures ; les bâtimens de l’intérieur présentaient un aspect hideux par leur vétusté, par leur irrégularité, par leur délabrement. Arrivé au terme de la pompe funéraire, on se trouvait dans un espace n’ayant aucun point de vue. Des sapins s’élevaient le long des murailles, en ombrageant quelques pierres tumulaires, ou seulement des croix de bois. Une tranchée montrait sa profondeur toujours ouverte pour engloutir gratuitement les restes du pauvre. Tout était fort triste dans ce réduit ; cependant il était encore visité par quelques, personnes sensibles, à de tendres regrets. La piété filiale traçait sur la pierre le nom d’un père vertueux. Quelques