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de personnages illustres ; l’opulence tenter, par un luxe désordonné, de lutter contre la puissance des grands souvenirs ; l’œil surpris d’apercevoir proche de Paris toutes les formes des monumens funéraires de l’Egypte ; de la Grèce, de Rome, de tous les peuples modernes ; le génie français lutter par de nouvelles créations avec les chefs-d’œuvre de l’antiquité ; le peuple admirer les productions des arts, sentir leurs beautés, apercevoir leurs défauts ; les connaisseurs les apprécier avec justesse ; chacun s’étonner de ne pas être fatigué par la monotonie de sentimens pareils en présence de monumens n’ayant tous qu’un semblable et triste objet ; chacun surpris non-seulement d’être sans frayeur dans le domaine de la mort, mais de se plaire à l’admirer ; la foule s’y presser pour le contempler. M. Brongniart ne vécut pas assez pourvoir se réaliser sa prévision ; le peuple change lentement d’habitudes et surtout d’opinions sur les objets pour lesquels il n’a jusqu’alors éprouvé qu’une juste horreur. Pendant dix ans l’enceinte funéraire du P. La Chaise, à laquelle il devait applaudir, ne fut devant ses yeux qu’un cimetière, lieu de tristesse qu’il fallait fuir.