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tiques préjugés dans l’esprit des Parisiens contre les cimetières, pour changer les mœurs d’un peuple trop long-temps habitué à vouer ses morts au plus profond oubli, pour l’exciter à leur ériger des monumens au lieu de conserver encore rarement leurs noms sur des pierres tumulaires, il fallait offrir un asile funéraire d’une rare beauté, dont les aspects et les points de vue séduisissent l’œil ; où les charmes de la nature jouissent du pouvoir de bannir de l’âme le chagrin, la tristesse, la mélancolie ; où l’on respirât un air pur ; où, sous un ciel magnifique, l’âme s’élevât aux plus sublimes pensées ; où le cœur, s’estimant dans un Élysée, conversât librement avec les nouveaux habitans des régions célestes ; il fallait, par une distribution habile, par une disposition agréable, par un art singulier, ravir à la demeure des morts tout ce qu’elle inspire d’horreur. Sans ce concours de circonstances extérieures l’administration de la capitale aurait été impuissante, par de longs et pénibles efforts, à rompre les vieilles habitudes de Paris, à créer le luxe des tombeaux, à lier le présent au passé ; mais elle fut favorisée par la disposition des esprits rendus sérieux par de longues oscillations politiques, par de longs mal-

    il importe de laisser tous les yeux du public, toutes les leçons : le désir d’accroître le revenu public ne saurait jamais permettre de perdre de vue ces objets essentiels.