Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nation de Mont-Louis disparut ; il fut tristement appelé par l’administration le cimetière de l’Est ; mais le public, immobile dans ses vieux usages, lui imposa le nom de cimetière du P. La Chaise, pour rappeler toujours l’étonnante métamorphose du jardin d’un Jésuite, confesseur de Louis XIV, en un cimetière. Le premier enterrement se fit dans son enceinte le 21 mai 1804[1].

RÉGIME DU CIMETIÈRE.

Tout autrefois était confusion, désordre, irrévérence envers, la cendre des morts dans les lieux funéraires de Paris. Une main ennemie du souvenir de nos devanciers semblait s’être efforcée d’y accumuler tout ce qui était capable d’y inspirer l’épouvante et l’horreur. Lieux étroits, hideux, fétides, où le soleil luisait à peine ; fosses larges et profondes dans lesquelles on entassait les cadavres du pauvre par centaines, en leur refusant la terre et même souvent le plus ignoble cercueil ; murailles exhaussées, devant lesquelles on entassait des milliers d’ossemens ar-

  1. Il y a été enterré, depuis le 21 mai 1804 jusqu’au 31 décembre 1827, 163,800 corps, non compris ceux des Israélites et ceux d’environ 3,000 hommes enterrés dans une même fosse après le 30 mars 1814.