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qui l’éclairèrent, les hommes industrieux qui la firent prospérer, les illustres acteurs de tant d’événemens fameux dont son enceinte fut témoin ? Où sont nos pères, nos aïeux, nos bienfaiteurs, les fondateurs de cette ville ? Ils parurent quelques instans sur la scène du monde, ils ont passé comme la fleur des champs. La mort, en les frappant, s’est emparée de leurs restes, et les a profondément cachés dans ses sombres demeures. Déjà elle s’apprête à nous lancer son inévitable trait, nous y succomberons aussi. Dans cent ans toutes ces habitations auront changé de maîtres, il n’y restera personne de ceux qui y coulent maintenant leurs jours dans les délices ou dans les travaux, dans la peine, dans les angoisses de la douleur ; leurs richesses, leurs honneurs, leurs biens auront été enlevés, il n’y aura plus pour eux de plaisir sur cette terre, et la mort aura été pour tous le ravisseur auquel rien n’aura pu échapper. Elle n’aura épargné ni le grand, ni le puissant, ni le savant, ni l’artiste, ni le commerçant, ni le riche dans son opulence, ni l’artisan dans son atelier, ni l’indigent sous ses haillons, ni le misérable sur son fumier. Une génération nouvelle se saisira à son tour de tous les biens frivoles, de tous les hochets de la vanité, pour bientôt ne laisser subsister d’elle, comme de toutes les races qui depuis l’origine