Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa tour, Montrouge, Meudon, Sèvres, Saint-Cloud, le Mont-Valérien ; tout proche, Montmartre ; plus au loin, les hauteurs de Sannois, et devant ses yeux, Paris dans son vaste contour ; on compte ses palais, ses dômes, ses édifices ; on entend le bruissement de la multitude dans ses murs ; on en voit incessamment sortir des chars funéraires apportant à chaque moment dans cette enceinte de nouvelles victimes du trépas, suivis de leurs parens, de leurs amis dans le chagrin et dans les pleurs.

Autrefois des larmes s’échappèrent des yeux du superbe Xercès en regardant du haut de son trône la multitude armée qu’il menait au combat, lorsqu’il songea que dans un siècle il n’en existerait pas un seul homme ; cette pensée suffit pour terrasser l’insolent orgueil du roi des rois. Et l’aspect de Paris, la présence de ses pompes funèbres, la présence de ses tombeaux, la présence de ses morts, ne nous feraient pas frémir, en réfléchissant que dans cent ans il n’existera pas un seul être vivant du million d’hommes qui maintenant respirent dans ses murs ! Où sont à présent les générations qui depuis vingt siècles se transmirent le flambeau de la vie dans cette vaste cité ? une seule en jouit pour un instant, il s’est éteint pour toutes les autres. Où sont les potentats qui lui dictèrent leurs lois, les magistrats qui lui rendirent la justice, les sages