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satisfaire la droiture de son âme ; elle a tranché prématurément le fil des jours de madame Barilli, plus étonnante encore par sa vertu sévère pour une comédienne que par le charme de sa voix ; elle laissa vivre long-temps M. Champagne, pour conserver, au sein des orages politiques, le feu des bonnes lettres dans le Prytanée français et le Lycée impérial qu’il dirigea ; elle n’épargna point M. Sonnini. Né avec de l’ambition, de l’esprit, des talens, il ne put jamais parvenir à la fortune dans une vie pleine de traverses, de déboires ; sa jactance et l’imprudence de sa langue y opposèrent toujours d’invincibles obstacles ; l’abbé Geoffroy, dont les artistes dramatiques redoutèrent la piquante critique, dont le goût exercé par l’étude des anciens redressa plus d’une fois le public dans ses jugemens erronés, et que le public vit entrer presque sans aucun regret dans la tombe ; l’amiral Bruix, dont la belle vie consacrée tout entière au service de la patrie, illustrée par de hauts faits, célèbre par les instans où il exerça une grande puissance, semble ne s’être terminée par une pompe funéraire insigne, que pour montrer combien la grandeur des mortels est fugitive et frivole, en ne le voyant posséder, pour quelques années seulement, dans cet asile funéraire, qu’un marbre brisé dont les éclats conservent encore son nom. Celui de Valmont