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nous parle-t-on de ses victoires passées ? Quel bien nous ont-elles fait, ces funestes victoires ? La haine des peuples, les larmes de nos familles, le célibat forcé de nos filles, la ruine de toutes les fortunes, le veuvage prématuré de nos femmes, le désespoir des pères et des mères, à qui, d’une nombreuse postérité, il ne reste plus la main d’un enfant pour leur fermer les yeux : voilà ce que nous ont produit ces victoires ? Ce sont elles qui amènent aujourd’hui jusque dans nos murs, toujours restés vierges sous la paternelle administration de nos rois, les étrangers dont la généreuse protection nous commande la reconnaissance, lorsqu’il nous aurait été si doux de leur offrir une alliance désintéressée. Il n’est pas un d’entre nous qui dans le secret de son cœur, ne le déteste comme un ennemi public, pas un qui, dans ses plus intimes communications, n’ait formé le vœu de voir arriver un terme à tant d’inutiles cruautés. Ce vœu de vos cœurs et des nôtres, nous serions des déserteurs de la cause publique, si nous tardions à l’exprimer. L’Europe en armes nous le demande : elle l’implore comme un bienfait envers l’humanité, comme le garant d’une paix universelle et durable. Parisiens, l’Europe en armes ne l’obtiendrait pas de vos magistrats, s’il n’était pas conforme à leurs