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Mais tandis que l’Europe lui obéit depuis l’Elbe jusqu’au Tibre, Napoléon s’estime outragé par les Espagnols se refusant de recevoir de sa main un nouveau souverain, de nouvelles lois, des institutions opposées à leurs mœurs, à leur caractère, à leurs antiques habitudes ; il s’engage au midi dans une lutte longue et difficile ; en même temps il ne redoute point d’aller lui-même provoquer les Russes à cinq cents lieues de la France, dans les glaces, les neiges, les frimas de leurs déserts. Jamais il ne commanda une armée plus nombreuse, plus belle, plus valeureuse ; rien parmi les hommes ne résiste au choc des vétérans de la victoire., mais leur courage est impuissant contre la rigueur de la froidure ; des milliers de soldats tombent morts tout à la fois ; bientôt il n’y a plus de chevaux, d’artillerie, de munitions, d’armée française, presque tous les hommes sont dévorés par la mort ; un petit nombre n’est pas la proie de l’ennemi. Les adversaires de la France se réjouissent de son désastre. Les corporations de la cité de Londres célébrèrent une fête à l’occasion de la destruction de l’armée de Napoléon en Russie ; en vain les ordonnateurs de la fête multiplièrent les allusions à la chute de Bonaparte, au rétablissement de la maison de Bourbon ; ils y semèrent des lis à demi fermés, avec cette devise : « Ils vont refleurir. » Aucun prince