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ne pourront dire que, dans le temps de l’adversité, je me suis montré indigne d’occuper, jusqu’au dernier soupir, le trône de mes pères. »

Tout semblait chaque jour conspirer à renverser le moindre espoir du retour de l’auguste maison de Bourbon sur le trône de ses pères, dans l’esprit de ses serviteurs dévoués, comme M. de Gallerande : la France, tranquille au dedans, s’applaudissait de sa puissance ; elle s’était laissé imposer parla victoire le joug impérial ; chaque jour elle voyait avec complaisance s’agrandir son enceinte, s’accroître sa gloire et sa prépondérance. Napoléon est sacré par le Pape, reconnu comme empereur des Français par toutes les puissances du continent ; il trace aux États leurs limites, dicte aux princes ses lois, renverse les vieux trônes, crée des rois, étonne l’univers par de continuels succès : Marengo, Austerlitz, Tilsitt, semblent l’avoir affermi sur des bases inébranlables ; quinze cent mille guerriers lui obéissent ; tout se tait devant lui, et la maison de Bourbon, réfugiée en Angleterre, n’a plus un soldat. Vingt années de combats et de triomphes ont créé une génération ne reconnaissant d’autre honneur que celui de la vaillance ; elle possède des mœurs nouvelles et ne conserve presqu’aucune mémoire des temps antérieurs à sa récente gloire.