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sphère trop étroite pour occuper un esprit accoutumé à fixer son regard sur l’immensité des sphères célestes, afin de déduire par sa pensée les lois immuables de leurs mouvemens. Les lois des mortels, variables dans leurs effets comme dans leur position toujours changeante, le jeu des passions humaines toujours désordonné, étaient-ils dignes de fixer L’attention de celui qui contemplait l’ordre établi par la sagesse éternelle du maître des mondes ? M. de La Place possédait un génie trop supérieur à ses fonctions dans l’ordre civil pour leur convenir, c’était l’homme des cieux. Il occupa pendant peu de temps le ministère et devint sénateur, puis chancelier du sénat pendant onze ans ; fonction éminente et lucrative, laissant à son génie le loisir de se livrer à ses méditations sur les vérités mathématiques du premier ordre. Tout ce qui peut flatter la vanité humaine devint pour M. de La Place la récompense du haut rang dans lequel l’avait placé son mérite transcendant dans les sciences exactes. Né de ses œuvres, il devint comte, marquis, pair de France, l’un des quarante de l’Académie française ; le grand-cordon de la Légion-d’Honneur brilla sur sa poitrine comme sur celle des princes et des guerriers ; il partagea avec eux le manteau et les honneurs de la pairie de France ; il les transmit à sa race. Cependant tout ce qui fut