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la France, en se confiant sur la fermeté d’âme qui ne l’abandonna jamais dans le péril ; il promet d’apporter la tête de celui-là même auquel il devait tant ; il s’éloigne avec le désir, l’espérance, la volonté d’accomplir son dessein ; soudain ses légions l’abandonnent, il entend retentir à son oreille des cris de trahison ; il cède à l’exemple contagieux ; il oublie ses sermens ; il devient parjure ; il se joint lui-même à l’ennemi qu’il avait juré d’anéantir. Sa bravoure ne l’abandonna point, mais sa fermeté depuis la journée de Waterloo. Le premier il jeta l’alarme parmi ses partisans, il les découragea en leur annonçant qu’il n’est point de remède pour des désastres immenses. Sur son tombeau je pousse le cri que j’y ai plus d’une fois entendu retentir : « Grand général, pourquoi n’es-tu pas mort sur le champ de bataille ; tu sus, dans le danger des armes, mépriser le trépas, mais tu ne possédas pas assez de vertu pour préférer froidement à la vie tes sermens et le devoir. » Que la position des personnages éminens est terrible aux jours difficiles, où sans cesse la vertu se trouve en danger de faillir sur des chemins étroits et glissans, où la prévoyance humaine ne saurait découvrir les événemens cachés dans un sombre avenir ! Vous vous égarâtes tour à tour, Turenne et Condé que l’on vit de ce plateau combattre dans le faubourg et la plaine, le