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était au mieux pour la France : sa position personnelle éprouvait un changement heureux. Second consul, il s’était résigné à n’être que l’instrument des volontés de Bonaparte ; archichancelier, il en était encore l’instrument. Pendant quatorze ans Cambacérès jouit de toute la confiance de Bonaparte. Comme tant d’autres il devint flatteur, adulateur ; cependant souvent il ne lui déguisa point la vérité et s’efforça de le préserver de fausses démarches, mais jamais il n’osa lui prouver qu’il se fourvoyait. Il se prononça contre l’assassinat de M. le duc d’Enghien, contre la campagne de Russie, contre la continuation de la guerre après le désastre de Dresde : il prévoyait combien étaient inutiles tant de sacrifices de sang et de richesses faits par la France ; cependant il parut ostensiblement approuver, soutenir, faire réussir des mesures suivant son jugement fatales à son pays. Mais si son esprit fut étendu, son caractère faible le condamnait à marcher perpétuellement dans l’orbite de la planète qui remportait comme son satellite par l’impulsion de son mouvement irrésistible, jusqu’à ce qu’elle eût disparu du monde politique. En tremblant il reparut un moment sur la scène, durant les Cent jours, pendant lesquels il mesura sa conduite de façon à montrer qu’il souhaitait de ne point tout-à-fait déplaire à personne ; sa