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rement il fut tout entier lui-même : il trembla toujours en agissant, il trembla encore d’avoir agi. Légiste habile, il posséda une connaissance profonde des lois. Son plus ardent désir fut de faire posséder à sa patrie un Code civil uniforme, dont il fut le premier auteur : il plaçait sa gloire dans ce point. Sous la Convention il en présenta un projet tout républicain, sous l’empire son vœu fut rempli ; mais il se plut lui-même à effacer de cette loi toute tendance à des dispositions démocratiques. Comme tant d’autres, même des plus chauds, il ne rougit pas de changer publiquement de sentimens comme de conduite. D’abord second magistrat de La république pour dix ans, le jurisconsulte de Montpellier consentit facilement à devenir archichancelier de l’empire, prince, président perpétuel du sénat, duc de Parme, décoré de presque tous les ordres nationaux et étrangers ; à posséder des dotations, des revenus, des dignités qui le rendaient un des plus grands seigneurs de l’Europe. Sa vanité fut satisfaite, en se voyant encore le second dans un gouvernement absolu, d’être appelé monseigneur ; sa convoitise, de nager dans l’opulence. Son ambition se sentait contente en se voyant si haut, lui qui ne fut d’abord qu’un jurisconsulte, un magistrat de province ? Son intérêt particulier lui redisait incessamment que tout