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bris de sa dunette, et seulement alors il est fait prisonnier. Un tel homme devait paraître invulnérable, l’explosion du salpêtre ne semblait jamais lui devoir être funeste : cependant, malgré des faits précédens si heureux, il périt par l’explosion de la poudre à canon, en pleine paix, dans sa maison, dans son propre lit, lorsqu’il était près de s’y livrer au sommeil, par le crime d’un valet dont l’âme atroce, pour cacher son infidélité, dévoila son maître à la mort en plaçant dans sa couche une charge de plusieurs livres de poudre dont il alluma la traînée.

Sur un point plus rapproché du rideau de verdure dont se voit couronné le coteau s’élève un monument dont la façade élégante, ornée d’un bas-relief sculpté par l’habile statuaire David, représente une veuve éplorée devant l’image de l’époux dont elle regrette le trépas. Ce tombeau fut érigé par madame la comtesse de Bourcke à la mémoire de son mari, mort ambassadeur de Danemark près la cour de France.

A sa droite se voit une pierre tumulaire de marbre noir, au haut de laquelle sont cinq mains sculptées dans des positions différentes. Elles forment pour les sourds-muets le nom chéri de l’abbé Sicard leur maître, leur instituteur, leur ami, dont le talent perfectionna la méthode de les instruire inventée par