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viennent utiles. S’il faut suivre le sentier de la vertu, on doit s’écarter du chemin large du vice : où voit-on avec plus d’énergie son danger, que dans la nuit de la tombe, où l’on frémit en considérant son déplorable terme. Ces vives leçons, ces grands exemples n’existaient point dans nos anciens cimetières, ni dans les caveaux de nos églises, ne possédant ni monumens, ni épitaphes ; le mode actuel des inhumations est donc préférable, pour l’instruction de tous, aux coutumes anciennes. Mais, dira-t-on, auprès des tributs d’un respect, d’une reconnaissance, d’une vénération mérités, il existe des produits de l’ostentation, des productions d’un orgueil insensé. Je le veux ; mais la vanité s’abuse, car ces tombeaux, par leur faste même, deviennent l’objet de la censure publique, dès que l’on y voit le nom ignoble de celui que l’on prétendit honorer par du marbre, par du bronze, par un éloge imposteur : la postérité est commencée pour quiconque est entré dans la tombe ; elle sait toujours rendre un légitime hommage à la vertu, mais elle n’épargne aucun défaut, aucun vice, aucun crime. La réunion de la plupart des souvenirs d’une vaste cité dans une même, enceinte est donc le plus puissant stimulant d’y bien vivre. Il suffirait d’écrire sans passion, sans prévention, sans