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de couleur opposée sont placés dans une même enceinte. Sur l’un est posé un vase cinéraire d’où s’échappe une colombe dans toute sa blancheur. Je lis les noms de madame la baronne de Charlus et de mademoiselle sa fille. Cette tendre mère, consumée de chagrin, survécut neuf mois seulement à son enfant chéri. Mes larmes coulent. Au milieu de peupliers s’élève un monument de marbre d’une blancheur parfaite, dont la pureté et la forme sévère indiquent bien toute la rectitude de l’illustre Mounier, membre de l’Assemblée constituante ; toujours ce sage eut soif de la justice. En m’avançant j’aperçois, dominant sur un léger monticule, le tombeau de la vertueuse madame Brézin, à laquelle vient de se réunir son mari, dont la fin de la vie suffit pour faire honorer sa mémoire. Né ouvrier, ayant gagné une immense fortune par son industrie, sans enfans, sans parens proches, il légua à l’administration des hospices de Paris près de quatre millions pour fonder un hôpital spécial pour les pauvres ouvriers, dont sa jeunesse avait partagé la condition et la misère. Sur la droite du chemin se voit le petit monument consacré à la mémoire de M. d’André, autrefois conseiller au parlement de Provence, trois fois président de l’Assemblée constituante, puis épicier, puis émigré. Rentré en France en 1796, il parvint à se faire nommer au conseil