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Lanjuinais fut rappelé dans le sein du Corps législatif, dont il n’était plus membre depuis deux ans. Bientôt nommé sénateur, il conserva dans ce corps toute l’indépendance de son caractère personnel et de ses principes. Il eut l’honneur d’avoir constamment fait partie d’une très-faible minorité courageuse, qui s’opposa toujours aux envahissemens du pouvoir impérial. Son opposition fut franche et sans ménagement, quand le sénatus-consulte transforma la république française en une monarchie despotique. Dans son indignation il s’écria, suivant qu’on l’affirma pour lors : « Vous voulez choisir un maître dans une île où les Romains ne voulaient point prendre un esclave ! » Sa conduite fut toujours en harmonie avec ses sentimens : jamais il ne se montra seul dans le palais pour faire sa cour ; jamais il ne sollicita aucune grâce ; toujours il combattit les mesures injustes ; jamais il ne les favorisa de son vote. Ses principes austères lui faisaient une loi de détester les attentats de Bonaparte contre les libertés de la France, d’abhorrer son ambition, de déplorer les maux incalculables dont elle affligeait la patrie ; il vota l’établissement d’un gouvernement provisoire et la déchéance de Bonaparte. Nommé par le Roi pair de France, il s’appuya sur la Charte pour défendre avec son courage accoutumé les libertés françaises. Bo-