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pour défendre la société attaquée soit au dehors, soit au dedans. Sans doute cette assemblée rendit un service immense à la France, par l’abolition des privilèges pécuniaires pour l’impôt, en le rendant général et le même en tous lieux, en fixant son vote annuel, en prescrivant le compte fidèle de son emploi ; en réunissant en un faisceau unique, en un corps homogène, en un même peuple, les Français autrefois divisés de mœurs, d’intérêts, de coutumes, de droits, d’impôts, de province à province, et souvent de ville à ville ; en brisant toutes les barrières qui s’opposaient à ce que la France formât un seul corps puissant par l’union intime de ses parties : mais elle ne sentit point que plus elle donnait de force morale au peuple, plus l’autorité royale devait posséder d’action légale de la plus haute énergie pour réprimer les hommes turbulens ou factieux, pour faire obéir aux lois, pour imprimer un mouvement constant à la machine politique. Ce principe de destruction, joint à l’âcreté des passions violemment agitées dans une continuelle lutte des intérêts anciens et des intérêts nouveaux, des ambitions particulières et des rivalités de pouvoirs, de vieilles haines et de récentes animosités, fit périr tout à la fois la première constitution des Français, la monarchie constitutionnelle ; livra la France à l’anar-