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industrie lui paraissaient ne réclamer qu’un sacrifice égal de la propriété particulière pour les charges publiques. Si la propriété légitime était pour lui sacrée, la liberté individuelle de l’homme était à ses yeux inviolable envers celui qui ne compromettait point l’ordre public, Les seuls moyens légaux pouvaient en disposer ; dans leur action, ils devaient ouvrir toujours des voies sûres contre d’injustes préventions des soupçons peu fondés, en présentant surtout un appui certain à l’innocence. Un tel homme, fortement convaincu, par son expérience, des abus du régime de la France avant 1789, devait tendre de toute la force de sa volonté à les renverser ; mais aussi sa sagesse lui devait interdire d’y substituer d’autres abus, de concourir à la moindre injustice ; mais sa vertu elle-même l’empêcha de prévoir combien le choc des passions et des intérêts se heurtant produirait de désordre, causerait d’injustice. Doué de toute la science d’un légiste ayant profondément étudié la théorie des lois, mais pas assez le cœur de l’homme ; disert, même éloquent, comme un excellent avocat ; dédaignant sa fortune personnelle, immuable dans ses principes, il se fit remarquer, dès l’ouverture des Etats-Généraux, par ses talens, par son caractère ferme, par sa vertu austère. L’anéantissement de toute espèce de privilèges devint le