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voix de la vérité et de la raison frappent inutilement l’oreille ; par ce motif je me suis tu. Le bon vieux temps dont il parle ne fut pas admirable pour son respect envers la cendre et la mémoire des morts, et ce lieu funéraire ne mérite pas aussi les reproches dont il s’est plu à l’accabler. Si vous daignez m’écouter, j’ose espérer vous le démontrer. Tout ce qui dans l’homme n’est pas vertu, talent, mérite personnel, fruit de son génie, pensée de son âme, n’est-il pas anéanti au moment où, quittant sa dépouille terrestre, il entre dans une nouvelle vie ? Ce personnage se trompe donc en établissant le respect dû à la cendre et à la mémoire des morts seulement sur un rang qui n’est plus ? La vertu est seule digne d’un éternel hommage dans la nuit des tombeaux. Placez le cœur d’un Néron dans une urne d’or, chacun reculera d’épouvante et d’horreur ; mais devant un simple tertre de gazon, renfermant la dépouille d’un enfant dont l’œil entrevit à peine la lumière, chacun se sentira saisi d’un saint respect en considérant le dernier asile de l’innocence.

» Ce personnage ne s’est pas moins abusé, lorsqu’il préféra les mœurs anciennes dans les devoirs rendus à la cendre de nos devanciers dans la tombe, à nos coutumes actuelles.