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siens ; on admira son art, on s’étonna un moment de le voir parvenu à l’imitation du vrai ; mais la vérité commande seule une admiration éternelle. Madame Dugazon posséda une belle âme, un beau caractère : sa mémoire est digne d’estime.

Il fut moins heureux le chanteur Garat, dont la cendre repose proche de Fourcroy ; il a péri tout entier dès que son gosier s’est glacé.

Delille, dans ses vers harmonieux, mais trop souvent d’une égale cadence, a su lier son nom aux œuvres du génie de Virgile et de Milton ; il a ouvert une route nouvelle à l’art des vers, dans la poésie didactique, en présentant des descriptions variées, cependant jamais de ces créations qui étonnent, de ces grandes pensées dont on admire la sublimité, de ces images fortes qui émeuvent l’âme profondément. Ce bel esprit préféra semer de fleurs sa route tranquille, au fracas des mouvemens impétueux d’une imagination ardente. Son indignation contre le crime, animant cependant une fois sa verve, fit éclore ses belles stances sur l’immortalité de l’âme. Il fut immobile dans son attachement à l’auguste famille de nos rois, et ne prodigua pas à Bonaparte un encens adultère pour sa conscience.

Près de sa tombe, dans son enceinte, repose le galant Boufflers, la fleur des cheva-