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tesse et de goût qu’il porta sur notre littérature depuis 1789 ; ces productions suffisent pour lui assurer une belle place dans les lettres.

Une pyramide de marbre noir indique près de lui la cendre de Parny : il fut sans doute un de nos meilleurs poètes érotiques, il charme, il entraîne, il séduit par un talent flexible et pur, par son aimable mollesse : combien de poisons sous des fleurs ! Gardez-vous, jeunesse imprudente, d’approcher vos lèvres de cette coupe enchanteresse, si vous voulez conserver des mœurs pures ; le charme d’une diction délicieuse aura soudain corrompu votre cœur.

J’aperçois une lyre d’or ; ce monument est celui de Grétry, de cet homme de génie dont la musique fit toujours entendre à l’oreille l’expression juste et vraie des passions dont l’âme est agitée ; qui, par la vérité de ses chants, triompha de ses détracteurs, de ses envieux, et laissa un nom qui vivra dans la postérité.

Il y vivra aussi par sa propre pensée, celui de Bernardin de Saint-Pierre, par son histoire délicieuse de Paul et Virginie, parce que son cœur sut peindre les chastes amours de l’aurore de la vie, les mœurs patriarcales, de hautes infortunes, la vertu aux prises avec le malheur. Elle y vivra seulement par la mémoire de son talent, madame Dugazon, qui sut feindre sur la scène des sentimens qui n’étaient pas les