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J’aperçois sur ma droite (9e div.) une statue de bronze reproduisant l’image de M. le baron Denon, autrefois directeur des musées. Cet homme d’esprit, possédant les avantages de la naissance, de la figure, de l’éducation, sut plaire et se tracer une route vers la fortune, qui lui sourit après avoir exercé sur lui ses rigueurs. Sa vie est une preuve que l’homme habile à saisir l’occasion, doué d’une âme énergique, possédant de l’originalité dans ses moyens, sachant à propos être hardi, s’élève et se soutient facilement dans une sphère où ne semblait pas l’appeler sa condition première. Au temps où parmi la noblesse il y en avait une haute appelée par sa naissance elle-même à jouir presque seule des grâces de la cour, et une noblesse de moindre aloi végétant loin des faveurs, dans les provinces, M. Denon naquit dans cette dernière. Ses parens se contentaient d’aspirer à lui acheter une charge dans la magistrature : car alors on achetait à prix d’argent le droit de décider de la fortune et de la vie des hommes. M. Denon devait donc être un honorable juge en province. Ses parens l’envoient à Paris étudier le droit. La science de Cujas et de Barthole lui semble fort insipide. Une bohémienne lui avait annoncé dans son enfance qu’il serait aimé des femmes, qu’il irait à la cour, dans toute l’Europe, et qu’une constel-