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bonté compatissante pour le malheur dont elle-même épuisa la coupe.

Un sarcophage de granit paraît à ma gauche, décoré d’un buste ; il perpétue les traits d’Ennius Quirinus Visconti, le premier archéologue de notre âge. Son âme noble fut pareille à celle des vieux habitans de Rome, dans laquelle il naquit ; ses études profondes l’avaient rendu le contemporain des temps anciens de la Grèce et de l’Italie ; son goût exquis, son imagination vive, son cœur excellent, sa raison solide, sa mémoire prodigieuse, sa modestie bien rare, son amour du vrai, furent les délices des savans, qui ne recoururent jamais en vain à ses lumières.

Je révère la mémoire d’un homme illustre, l’honneur de notre âge, en m’étonnant de voir près de son tombeau un monument de plus magnifique structure. Le mortel auquel il est consacré posséda sans doute un mérite plus éminent que celui de Visconti, supérieur à celui de Delille, de Fourcroy, de Chénier, de Grétry, sur lesquels il semble encore dominer dans la nuit du trépas. J’y lis le nom de Regnaud de Saint-Jean-d’Angely. Cet homme d’esprit considéra trop souvent nos commotions et nos débats politiques, seulement comme des moyens de fonder sa propre renommée et sa fortune. Jamais il ne posséda une opinion qui lui fût