Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propriétaire. Il émigra ; il combattit dans l’armée des princes, à Quiberon, dans la Vendée, dans la campagne du Midi, en 1815. Par droit d’ancienneté, et sans aucune expérience durant vingt-cinq ans du service de mer, il devint, en 1814, contre-amiral ; cependant il conçut un tel chagrin d’être bientôt après mis à la solde de retraite, qu’il en mourut. Sa veuve, par une singularité remarquable, recommande aux seuls honnêtes gens de prier pour lui.

Le chemin qui se présente de l’autre côté de la route bordée de peupliers, à la sortie du sentier circulant dans l’enceinte où s’élève le monument d’Abélard, côtoie le bord inférieur de la deuxième division, où l’on trouve la preuve que des actions honorablement gravées dans l’histoire contemporaine ne sont pas toujours consacrées par une légitime reconnaissance sur la tombe. Dans une époque de déplorable mémoire, M. Moreau de Mersan osa réclamer publiquement le premier, au risque de sa liberté, au péril de sa vie, contre la barbarie qui détenait Madame la Dauphine dans la tour du Temple, après l’assassinat de ses augustes parens : M. Moreau de Mersan ne possède aucun monument sur le lieu dépositaire de ses restes.

Combien la mémoire d’une élévation fugitive est distante sur les tombeaux de l’éclat