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Puisse un même cercueil alors nous recevoir !
Peut-être deux amans, égarés quelque soir
Aux douteuses clartés de l’astre solitaire,
S’arrêteront, saisis d’un trouble involontaire ;
Penchés sur le tombeau, les bras entrelacés,
Ils liront nos revers sur la pierre tracés :
« Ils s’aimaient comme nous, diront-ils, et peut-être,
De la terre comme eux nous allons disparaître… »

(Fragment de la lettre d’Héloïse, traduit par Millevoye.)

Traversons maintenant plus de sept siècles pour considérer ceux de nos contemporains qui dorment près de leurs restes ; parmi tant de souvenirs, distinguons les mortels qui marquèrent le plus leur rapide passage sur cette terre, par leur génie, par leurs travaux, par leurs vertus. Le faste de beaucoup de tombeaux attirera bientôt nos regards ; mais leur structure élégante nous apprendra souvent que la vanité peut ériger de beaux monumens, mais non pas créer de beaux souvenirs.

Près de ce moine et de cette religieuse, personnages fort peu guerriers, dort le général anglais Murray. Il combattit long-temps dans l’Inde. Il rapporta de cette contrée lointaine une fortune énorme, produit du sang et des sueurs des paisibles Indiens. Il vint se faire battre en Espagne par le maréchal Suchet. Il repose maintenant avec lui dans ce lieu funéraire. On voit ensuite le monument de M. le comte Colbert, officier dans la marine royale et grand