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gacité ; son talent y devait demeurer stationnaire, par le défaut d’alimens. Ses supérieurs, témoins de son ardeur, l’envoient à Rome. Quel bonheur pour le P. Pouillard, d’habiter cette patrie des beaux-arts, cette ville des grands souvenirs, ou de toutes parts brillaient des antiquités de tous les âges ! Fidèle aux obligations de sa robe, le P. Pouillard se borna spécialement à l’étude des antiquités religieuses du moyen âge. Pour faire valoir sa suffisance dans ces matières, il publia une grave dissertation sur l’antériorité du boisement des pieds du souverain pontife, à l’introduction de la croix sur ses pantoufles ; ce sujet eut beaucoup de succès en Italie ; il donna au P. Pouillard, parmi les savans, du relief. On ne saurait s’arrêter quand l’on sent poindre sa réputation. Le P. Pouillard se préparait à publier une dissertation non moins importante sur la tiare pontificale, quand la révolution française troubla la tranquillité de Rome. Ce fut d’abord un orage lointain ; il fond sur l’Italie ; Rome est au pouvoir des Français. Dans la capitale du monde chrétien, ils ouvrent les cloîtres, abolissent les couvens, confisquent les monastères. La maison dans laquelle habitait le P. Pouillard est transformée en hôpital militaire ; il en devient l’aumônier. Son âme charitable ne se borne pas à dispenser des secours spirituels à ses compatriotes ; il prodigue ses