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funéraire : cependant son trépas leur avait encore transmis une fortune considérable.

Près de sa fosse délaissée se montre une tombe rappelant l’exemple d’une existence non plus tranquille, mais dont le possesseur s’efforça dans son jeune âge d’assurer à jamais le repos, en contentant son goût inné pour les sciences. L’abbé Pouillard naquit à Aix, de parens sans fortune ; son premier penchant fut pour les arts du dessin, puis vers l’étude des antiquités. Sa pauvreté semblait former un obstacle invincible à ce qu’il lui fût possible de suivre l’impulsion de son génie ; mais une âme ardente sait sacrifier quelques-unes de ses jouissances pour satisfaire ses penchans. L’abbé Pouillard s’immola tout entier à ses goûts. Il était né pieux ; les ordres religieux assuraient alors à quiconque y faisait vœu de pauvreté, de ne jamais manquer du nécessaire, même fort souvent de posséder en commun une fortune beaucoup plus considérable que celle dont il aurait pu jouir dans sa famille, et des heures nombreuses de loisirs durant lesquelles chacun pouvait librement suivre son penchant vers des études sérieuses : l’abbé Pouillard n’hésita point d’entrer dans l’ordre du Carmel. A l’ombre du cloître, il se livra à de profondes études. La ville d’Aix n’était pas assez riche d’antiquités pour exercer long-temps sa sa-