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des fonds au frère de cette femme pour former un établissement. Ils sont insuffisans : Desplas consent, pour l’obliger, à souscrire à son profit des effets pour une valeur de 10,000 fr. Ce misérable ne se contente point de ce bienfait, il contrefait la signature de Desplas pour une somme de 40,000 francs ; il parvient à escompter ces billets frauduleux ; il se sert des fonds qui, loin de l’enrichir, augmentent ses pertes. Prévoyant son inévitable catastrophe lors de l’échéance de ces effets coupables, il écrit à Desplas, lui expose sa position, lui peint ses malheurs, lui avoue son crime, lui envoie le dernier billet de 500 fr. qui lui restait. Desplas s’oubliant lui-même dans le premier moment d’une perte considérable, imprévue, suit encore le mouvement de son cœur généreux, et s’écrie : « Ah ! le malheureux, il est sans ressource, pourquoi n’a-t-il pas aussi employé pour lui-même ce billet de 500 fr. ! Par quels moyens pourrait-on lui faire parvenir cet argent ? » Bientôt, considérant sa propre position, ses affaires embarrassées, une dette énorme, la situation de sa famille, de sa femme, de ses six enfans, sa sensibilité réagit sur lui-même, un chagrin profond s’empare de son âme, une fièvre inflammatoire le saisit ; en peu de jours elle le précipite dans la tombe, le 9 mars 1823, en laissant à la terre l’exemple