Le paresseux est dans la création un être anormal comme le figuier improductif que le Christ condamne à être coupé et jeté au feu. La nature toute entière donne à l’homme l’exemple de l’obéissance à la loi du travail. Autour de lui l’herbe croît, les rivières courent à leur fin, les arbres attachés à la terre, comme Pénélope font et défont leur parure, les oiseaux embesognés et joyeux vaquent aux devoirs de leur état, les fleurs s’épanouissent, meurent et renaissent, l’insecte infime comme l’animal féroce, accomplissent docilement, qui dans sa retraite, qui dans son invisible cachette, le rôle particulier qui leur est assigné ; dans le firmament, fourmilière infinie, les étoiles évoluent sans relâcher ; notre terre infatigable tourne elle-même éternellement et vous seule dans cet engrenage universel, chère et élégante lectrice, vous vous croiriez permis de rester inerte et désœuvrée !
Le Bon Dieu ne vous prête pas en vain sa lumière, et il ne fait pas lever tous les matins son soleil pour la rendre témoin de votre oisiveté.
La jeunesse elle-même ne vous est accordée comme le printemps à la nature qu’à la seule fin de préparer vos forces pour la saison laborieuse qui la doit suivre. À cette époque où se déterminent les vocations, quelque gâtée que vous ayez été auparavant par vos parents et par la fortune, il vous faudra, bon gré mal gré, participer au mouvement qui entraîne l’humanité et tenir votre rôle dans le drame universel ; la position que vous serez appelée à remplir dans la société et surtout les devoirs de la maternité vous fourniront d’impérieuses occupations.
Fussiez-vous même l’un de ces accessoire, réputés superflus, de la famille humaine, qu’on appelle une « vieille fille », vous sentirez comme les autres l’impitoyable force qui commande à chacun d’agir, d’aider de quelque façon à la manœuvre. Celles qui, arrivées