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NOS TRAVERS

Au lieu d’accorder d’avance toutes les perfections à celui qu’elle aime et de se préparer à servir d’instrument à ses moindres volontés, la nouvelle mariée, au contraire, ne doit pas perdre de vue que sa douce influence doit tout de suite s’exercer à façonner son « seigneur et maître » aux conditions de son nouvel état.

Toute femme avisée et douée de quelque tact, s’aperçoit qu’en se mariant avec le meilleur des hommes, elle a toute une éducation à faire. Avant de se résigner à souffrir en silence maints petits froissements, certains manques d’égards involontaires, elle examine bien s’il n’est pas plutôt de son devoir de chercher à en faire disparaître la cause.

L’habileté et la douceur féminines opèrent, dans ce genre de réforme de fréquents miracles. Disons, pour être juste, que l’amour ici joue un grand rôle en ce qu’il rend facile ce que la diplomatie toute seule n’obtiendrait qu’à grand’peine.

C’est dans les rapports intimes des familles qu’on constate cette indulgence débonnaire que je signalais tout à l’heure. On gâte trop ses enfants et les jeunes canadiennes sont de moins en moins industrieuses. En quelque sorte, il n’y a pas de leur faute.

Leur éducation est volontairement négligée du côté des arts domestiques.

Dans la très grande majorité de nos familles aisées, mais sans fortune assurée, les filles en savent moins long sous ce rapport que les princesses royales d’Angleterre qui ont appris à coudre et à faire la cuisine. Ces familles souvent ne sont arrivées à se faire une jolie position sociale et à la maintenir que grâce à la direction prudente, à l’économie, au travail constant et à la minutieuse administration de la mère.

Que fera cette femme raisonnable quand ses enfants grandiront ? Vous croyez qu’elle enseignera à ses fils à avoir de l’ordre, afin qu’une fois mariés ils ne soient pas de ces hommes insupportables qu’on peut suivre