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l’admiration de notre histoire avec le respect de notre nationalité.

Je voudrais maintenant qu’on inscrivît sur la pierre du piédestal la maxime que l’un de nos jeunes et excellents écrivains a mise au frontispice du livre intitulé « L’avenir du peuple canadien-français » : « Soyons fiers, nous serons forts ».

Faut-il dire que nous n’usons pas assez de notre prérogative d’être fiers.

Oublions-nous donc la gloire de notre origine et que nous sommes issus de la première nation du monde ? Ne savons-nous pas que du moment où nos ancêtres descendirent sur ce continent, habité déjà par d’autres Européens, l’Amérique ne retentit plus que du bruit de leurs exploits ; et que les Champlain, les Marquette, les la Salle, les d’Iberville éclipsèrent, abattirent, et domptèrent tout ce qu’il y avait d’Anglais, de Hollandais, d’Espagnols et de Portugais de la baie d’Hudson au golfe du Mexique, de l’Atlantique au Pacifique ?

Ignorons-nous que rien ne fit jamais pâlir la gloire du nom français à travers tous les malheurs de cette colonie, pas même la défaite qui nous donna un nouveau maître. Quand l’armée du chevalier de Lévis, oubliée de la France, écrasée par le nombre, capitula, l’ennemi lui présenta les armes comme à un vainqueur.

Et cette liberté parfaite dont, colons anglais ou français nous jouissons tous dans une autonomie complète, qui donc eut le courage de la revendiquer d’un tyran tout-puissant ? qui l’acheta enfin au prix de son sang, si ce n’est le Français-canadien ?

Aujourd’hui encore, héritiers du génie latin, nous n’avons qu’à le vouloir pour nous affirmer et nous distinguer.

Rien donc ne peut nous abaisser que l’excès de notre humilité. Sachons que personne ici ne nous est supérieur. Relevons la tête, ayons conscience de notre valeur. Opposons s’il le faut la hauteur à la morgue.

Soyons fiers, nous serons forts !