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Sur ce sujet des danses je n’ai pas besoin de rappeler que l’étiquette défend d’accorder plus de deux danses par soirée au même cavalier.

Et si le code mondain ne se prononce pas sur le cas d’un partenaire, qui ne se présente pas au moment convenu, un sentiment de fierté naturelle devrait avertir une femme qu’elle fait une trop grande concession au maladroit en lui reprochant sa négligence. Le secret instinct de sa vanité, si elle l’écoute, sera de laisser le danseur indifférent sous l’impression qu’on n’a pas remarqué son absence. Un simple reproche dans une pareille occasion est un manque de tact ; une scène, encore plus déplacée, devient une sottise.

Les jeunes filles ne comprennent pas toujours qu’un envoi de fleurs à un jeune homme n’a pas sa raison d’être. Quelques-unes même n’hésitent pas à consacrer leur temps, et employer leurs blanches mains à confectionner quelque objet de goût, de menus articles d’utilité (oh l’insupportable prosaïsme !) pour le premier joli garçon venu, dont la chambre est encombrée de ces trophées d’une gloire insolente.

La persévérante application, l’attention prolongée, la tendre méditation même que suppose un tel travail, ont de quoi effaroucher pourtant l’orgueil féminin.

De laisser croire à n’importe quel Don Juan que son souvenir a occupé notre esprit tout le temps qu’on a mis à construire un bibelot, constitue un honneur trop grand, (par conséquent non apprécié) au sexe fort. Ces envois charmants, ces souvenirs précieux, il faut les réserver pour le fiancé, qui les reçoit avec émotion, les presse pieusement sur ses lèvres, en fait des reliques, et leur conserve l’anonymat.

Combien savent, encore, qu’en permettant à un homme de les escorter publiquement à la promenade et dans la rue, elles lui font une faveur ; et que plus cette faveur se répète plus elle devient considérable, car elle