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À qui la faute ? Ai-je besoin de vous le répéter ? À la pipe toujours.

Mais n’y a-t-il pas là de quoi faire réfléchir ses acharnés partisans ?

Quand un bon jour ces insociables, ces ours, rentreront pour un moment dans la bergerie avec des intentions d’enlèvement légitime — car grâce à Dieu, ces infortunés échappent encore en grand nombre à l’horreur du célibat — qu’y trouveront-ils ?

Ces jeunes filles, que dans votre égoïste imprévoyance vous avez délaissées, messieurs les fanatiques de la tabagie, vous apparaîtront désespérément frivoles. Vous vous étonnerez de ne pas les trouver plus cultivées, plus rassises, plus propres en un mot à vous faire des épouses accomplies.

Vous avez laissé auprès d’elles, pour vous représenter, des jeunes gens sans expérience, privés eux-mêmes de la tutelle, des bons exemples de leurs aînés et vous avez cru que tous ces enfants livrés à eux-mêmes allaient acquérir dans l’agréable et l’utile commerce de la flirtation à outrance, un peu de philosophie, le sens pratique de la vie.

Vous étiez des naïfs, et la fumée de votre pipe avait obscurci votre jugement.

Non, tenez, « il n’y a plus de société possible avec le cigare ; » croyez-en un célèbre académicien qui l’affirme.

Si vous le tenez pour acquis, il ne me reste plus qu’à faire le procès du p’tit coup.