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NOS TRAVERS

Le regretté Mgr d’Hulst a exprimé, avant de mourir, un vœu que vous me permettrez de citer en finissant.

« Vous n’avez pas oublié, Madame, — écrit-il, — l’appel ardent que Mgr Dupanloup adressait, il y a trente ans déjà, aux femmes chrétiennes pour les attirer au travail de l’esprit. Il voyait là, pour elles, un puissant moyen d’influence sur l’âme de leurs maris : non pas que la femme doive faire au même degré, ni de la même manière, toutes les études que fait l’homme ; mais elle doit en faire de telles que rien de ce qui intéresse ou remplit ou surcharge la vie de son époux, rien de ce qui occupe l’intelligence de ses fils, ne reste pour elle chose étrangère et inaccessible.

D’autres peuvent ne pas partager cette manière de voir, ils peuvent croire que la femme serait mieux dans son rôle, en renonçant à l’influence intellectuelle pour s’enfermer dans le domaine de l’action purement morale. Mais qu’importe cette préférence ? Elle ne changera pas la tendance du siècle. Elle n’empêchera pas qu’autour de nous, beaucoup de femmes recherchent la haute culture et que, pour leur donner satisfaction, de grands efforts se fassent, de grandes institutions se créent, des méthodes s’élaborent, qu’en un mot, tout un système de haute éducation féminine s’organise en France et ailleurs.

Cela est presque partout un fait accompli.

Or, à ne considérer que notre pays, il faut reconnaître que l’initiative est partie des ennemis de notre foi. La discussion parlementaire qui a précédé l’établissement des lycées de filles en a fourni la preuve évidente. Les catholiques ont bien vu le péril, mais ils ont cru le conjurer par l’abstention, en tenant leurs filles éloignées de ces centres intellectuels suspects, sans se préoccuper d’en créer de meilleurs.

Le résultat a été, pour beaucoup de femmes chrétiennes, un état d’infériorité, et, pour toutes celles qui ont voulu en sortir, la nécessité d’aller chercher, dans