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LE FÉMINISME

Ce mouvement, c’est un réveil de la responsabilité féminine. Ce à quoi il tend ? Par essence et dans ses manifestations générales, à rien que de juste, que de désintéressé, que de raisonnable. Son action s’effectue sous l’égide de la religion à l’ombre de la loi.

Entre l’injustice de l’aristocratie et la colère des socialistes, par ses attaches avec l’une et sa bonté envers les autres, la femme en Angleterre et aux États-Unis, sert de tampon. Son ministère contribuera sans doute largement à réconcilier dans le vieux monde comme dans le nôtre, deux éléments sociaux dont le choc est toujours terrible.

De fait, il existe une « Ligue internationale de la paix » recrutée parmi les plus grandes dames des deux hémisphères, lesquelles sont associées aux philosophes et aux hommes d’État les plus illustres. On sait que leur influence a été un puissant facteur dans cet événement récent : l’entente de deux grands États pour régler toute querelle, à l’avenir, — non par la guerre, non par le sang humain versé — mais au moyen d’une commission d’arbitres. Il y a des choses que l’homme, entraîné par la passion, oublie facilement. Dans la patrie comme dans la famille la voix de la femme doit faire entendre les paroles apaisantes qui rappellent au devoir et à l’humanité.

Mais, sans s’arrêter à ce rôle diplomatique, le Féminisme accomplit, surtout dans l’économie de la vie nationale, une œuvre prodigieuse.

Il faut lire l’ouvrage de Mme Bentzon, sur la « Condition de la femme aux États-Unis », pour voir ce que dans la seule ville de Chicago, il fait de bien à l’âme comme au corps, et comment il peut transformer, non seulement une population, mais l’aspect d’un pays.

Ces dames — pour ne mentionner qu’un détail — ont entrepris de réaliser ce qui a toujours été déclaré impossible : elles ont résolu de débarrasser leur cité, — « Reine de l’Ouest, — de la fumée qui, en toute saison,