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LE FÉMINISME

d’hommes et des mains d’hommes autour de ses douleurs. »

Ils le seront même dans l’acception la plus étendue du mot, chaque fois que par l’absence du soutien naturel, comme cela arrive si souvent, ils dépendront dans leur jeunesse pour l’existence, l’instruction et l’éducation d’une femme, cumulant dans ce cas les fonctions du père et de la mère sans que son cœur vaillant, sans que ses faibles épaules faillissent à la tâche. Et n’est-ce pas logique ? Chez qui la femme recruterait-elle des partisans dévoués si ce n’est parmi ces témoins authentiques de sa valeur ?

Le Canada est, sans s’en douter peut-être, un des pays où le féminisme est plus ancien et sûrement celui qui lui doit le plus.

Tenez, voulez-vous que nous disions un peu de bien des femmes ? D’abord je vous avouerai que j’en meurs d’envie, et puis c’est ma manière à moi de traiter cette importante question sociale. Car il ne faut pas s’attendre à ce que j’en fasse l’historique rigoureux. En choisissant le sujet de cette petite causerie, je n’avais aucun système en vue. Je ne voulais pas non plus faire l’apologie du féminisme, qui se défend bien tout seul.

J’ai pensé qu’il serait intéressant de disserter un peu avec mes congénères, les Canadiennes-Françaises, que je savais devoir être brillamment représentées ici ce soir, sur un événement qui nous concerne et auquel elles ne pourront pas longtemps rester étrangères.

Il importe de voir ce que signifie pour notre pays ce terme vague, d’invention moderne : « Le féminisme. » Il importe aussi de nous rendre compte que si le nom est nouveau, l’œuvre qu’il représente ne l’est pas autant qu’on le pense. Il serait malaisé pourtant de le définir exactement parce qu’il n’a pas de programme fixe et que ses tendances varient selon les pays. En tous cas c’est une force qui ne demande qu’à être dirigée. En considérant ce qu’elle produit de meilleur chez les au-